De nombreuses initiatives locales semblent annoncer un changement significatif pour le « made in France »
Il y a dix ans, la création du ministère du Redressement productif par Arnaud Montebourg nous interpellait collectivement sur la question de la production en France. Qu’en est-il dix ans après ? Depuis 2012, renforcé par la crise du Covid-19, le made in France est un sujet constant du débat public.
Au-delà de l’emploi et de la valeur économique, c’est avant tout la nature, l’intérêt, la performance et la « désirabilité » des productions qu’il faut apprécier. Rien ne sert de produire en France si cela n’a pas de valeur distinctive, notamment en matière environnementale. Les PME françaises performantes sont souvent des sous-traitants, receveurs d’ordre, restreintes dans leurs capacités à remonter la chaîne de valeurs.
Haute valeur ajoutée « artistique »
Malgré ce constat, nous observons aujourd’hui de nombreuses initiatives intéressantes qui semblent annoncer un changement significatif. A Saint-Etienne, dans la Loire, la Tôlerie Forézienne adosse à son activité de tôlerie industrielle numérique une offre de mobilier urbain en propre et de réalisation spécifique à haute valeur ajoutée « artistique », fondée sur une relation unique avec le design.
Les réponses au défi climatique et aux nouvelles mobilités intermédiaires sont aussi des opportunités pour les entreprises industrielles. La start-up industrielle Gouach propose une batterie totalement recyclable à partir d’un ingénieux système d’assemblage de cellules adossé à une stratégie de design.
Redressement créatif
Dans la vallée de l’Arve, dans les Alpes, un consortium d’acteurs de la mécanique – Pracartis, Groupe Savoy (ex-Savoy international), M²O et Alpes Usinage et le designer Léo Choisel – se lance dans la fabrication d’un séduisant petit véhicule électrique tout chemin à moins de 10.000 euros : « la Bagnole ». Celle-ci a été la vedette surprise du Mondial de l’Auto. Cette alliance dynamique lance également un innovant vélo électrique à boîte de vitesses automatique conçue en France : « le Cocotte » (ex-H3 Bike). On pourrait citer de nombreux autres exemples.
On le mesure, l’industrie change. La nécessité de produire avec sens et raison offre des opportunités concrètes de propositions, innovantes, locales, culturelles et utiles, qui illustrent autant la transition environnementale, le redressement productif, mais aussi un véritable redressement créatif.
Publication originale dans les Echos
14 novembre 2022 | Jean-Louis Frechin | Économie & société, science & prospective | Innovation | Tribune |