L’époque nous oblige à réinventer notre manière de faire les choses afin de préserver le milieu auquel nous appartenons. L’idée de low-tech s’est imposée face à celle de high-tech. Celle-ci repose sur la hiérarchie des technologies selon leur niveau de nouveauté, de performance, de coût, mais aussi d’impact sur notre environnement.
On assiste ainsi à un retour de systèmes simples, durables et accessibles en termes de légèreté et de savoir-faire . Plus que des solutions technologiques, le low-tech relève avant tout de pratiques de conception équitable (« fair design ») qui mettent en symbiose les fondamentaux physiques, le contexte, les ressources et les usages.
Faire « plus avec moins »
Les applications de ces technologies justes sont nombreuses : outils, procédés, productions, produits, énergie, déchets, matériaux de construction, habitat, transports, santé et bien d’autres. Elles peuvent être autant artisanales qu’industrielles.
Des concepteurs ont milité pour la conception juste. Dans les années 1970, Richard Buckminster Fuller, ingénieur et architecte, conscient des ressources limitées dont notre planète dispose, est le théoricien du faire « plus avec moins ». Plus proche de nous, les architectes et les industries du bois du Vorarlberg en Autriche ont réinventé l’art de la construction en bois. À Concarneau, le « low-tech lab » propose des tutoriaux d’innovation utiles, accessibles et durables à faire soi-même. Dans la construction, on utilise ces approches dans l’orientation des bâtiments, les ventilations naturelles ou le puits provençal, qui est un procédé thermique qui fait circuler l’air dans un conduit enterré pour produire du frais et du chaud naturellement.
Imaginaires positifs
L’enjeu n’est pas tant d’opposer des technologies hautes à des technologies basses, mais de convoquer la technologie adéquate et les bonnes approches de conception pour résoudre certains problèmes. Et sortir enfin de la spirale de la technologie pour la technologie .
Pour rencontrer un public, il est capital que ces approches proposent des imaginaires positifs et valorisants. Les choses seront désirables autant par ce qu’elles sont, ce qu’elles font, que les manières dont elles seront produites. Une façon de « faire juste avec le minimum ».
Jean-Louis Frechin
Publication originale dans les Echos
16/12/2019 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune |