Comment replacer le bien commun dans l’espace urbain

Les grandes villes sont des organismes vivants qui évoluent en permanence. L’architecture et l’urbanisme aménagent le dessin et le dessein de ces évolutions urbaines aux populations et à la fréquentation toujours plus importantes. Ces ambitions sont un enjeu central à l’heure des prochaines municipales. Aménagement, embellissement, agrandissement et adaptation sont organisés autour de grandes fonctions techniques, de flux et d’usages. Un rééquilibrage des mobilités s’opère vers les transports publics, marche, vélo, nouveaux services dans les hypercentres. Les questions climatiques bouleversent les schémas classiques. Les villes doivent muter. Pour cela, il est important de comprendre la nature profonde de leur structure et de leur généalogie.

Créer la flânerie
La campagne à la ville est autant contre nature que les autoroutes dans la cité. En Europe, la ville se régénère souvent sur elle-même. Le projet « Champs-Elysées » de l’Agence PCA Stream illustre la maîtrise de ces enjeux. Actuellement exposé au Pavillon de l’Arsenal à Paris, ce projet porté par le Comité Champs-Elysées et la Ville de Paris se propose de faire revenir les Parisiens sur les Champs. Ce projet articule culture, contexte et fonctionnalité, durabilité et désirs. Pour aménager, il est important également de traiter les « petites choses » qui déterminent les usages, comme le mobilier urbain, le numérique, la signalétique, la publicité, les services qu’il faut également concevoir. Mais également le commerce, qui définit la capacité à « créer de la flânerie », selon Emmanuelle Hoss, de la Semaest, la société d’économie mixte parisienne qui rachète et rénove des locaux pour y installer des commerces de proximité.

Pollution visuelle
Les villes subissent également d’autres phénomènes : hyper-densité, hyper-fréquentation, hyper-tourisme. On vit, on s’exprime, on revendique, on consomme l’espace partagé et on accélère les dégradations, les déchets et la pollution visuelle. On constate une disparition de la notion de bien commun dans l’utilisation de l’espace public. La ville devient au service de chacun plutôt qu’au bénéfice de tous.

Les architectes et les équipes politiques se doivent d’impliquer la participation des citadins aux évolutions des villes, à l’anticipation des mutations climatiques, mais également à sa propreté ! C’est désormais un défi et une responsabilité pour les projets réussis et le vivre-ensemble.

Publication originale dans les Echos
18/02/2020 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune |