Le design est à l’étranger au cœur des réflexions sur l’avenir. Transformation, changement, stratégie, tactique ou simple fonction d’entreprise, le design fait débat et enthousiasme. De nouveaux paysages se dessinent pour cette activité centenaire si difficile a définir.
L’institut du futur de San Francisco publie un poster sur l’innovation ouverte. L’Union europeenne publie au même moment un
appel à contribution sur le design Design as a driver of user-centred innovation.
Deux propos, deux approches, deux visions opposées mais incomplète toutes les deux. Et nous quelles sont nos visions et nos propositions en France ? Quel sera le design du XXI siècle après celui du XX siècle ?
Beaucoup d’activité et de publications autour des nouveaux enjeux de conceptions et de productions de l’innovation en cette fin avril 2009.
Les recherches autour de la construction du futur sont nombreuses et on peu dire que le le design est au centre de ces réflexions, dans les pays anglo-saxons.
L’institut pour le futur publie une carte résumant les différentes mutations des « Systèmes de productions » nouveaux artisanats, nouveaux fabricants, auto fabricants, créateurs, bricoleurs, hackers, etc.. Ce poster est intéressant pour le design et les manières dont il va évoluer. Il est pertinent de voir les gens acteurs de la résolution de leurs envies et de leurs besoins. Les recherches utilisateurs se modernisent et s’affinent.
Il est semble désormais admis que le modèle auteur de type Starck (genius design) , Milan, décoration est largement remis en question comme vision du futur.
Le document européen au titre stimulant Design as a driver of user-centred innovation célèbre l’avance des pays nordiques et anglo-saxons et souligne le retard de notre pays sur ces sujets. Il confond cependant le rôle du design dans l’innovation et le rôle et/ou les attentions envers les utilisateurs.
Quelques remarques cependant sur ces deux approchent.
Le « bricolage » est formidable et être acteur de sa vie est important. Mais cette approche Américaine, nous est proposée par un pays singulier ou le service est développé jusqu’à remettre en cause les fondements mêmes de l’existence. Les gens n’y cuisinent plus, les femmes se font accoucher plutôt qu’elles n’accouchent, les techniques y sont une seconde nature. Les communautés et l’esprit de concertation font partie de la culture et de l’identité protestante qui guide ces propositions.
Notre enjeu n’est pas de dire si cela est bien ou mal, mais d’inventer et de révéler les spécificités d’un modèle français. et d’éviter les transpositions directes et faciles.
Les notions de système d’objet, symboliques, de culture, d’esthétique y sont absentes. Il me semble qu’elles soient une nécessité. Les dimensions amènées par le design de pointe ne sont pas à sous estimer, ni à opposer à ces nouveaux possibles.
Le document européen Design as a driver of user-centred innovation. est beaucoup plus troublant. Son contenu assez exhaustif dresse un portrait du design, d’un nouveau design et du design comme vecteur d’innovation non technologique. Formidable, On ne peut que s’en réjouir.
Il est en fait une ode au rapport du design council et au rapport du gouvernement danois.
Il met en avant les nouveaux « mots » du design qui deviennent des valises
vides de sens et déconnectées de toutes symboliques sociales, esthétiques et culturelles: design for all, user centred design et rajoutons pour être complet le co-design.
Ces termes sont ici utilisés à tous propos avec des sens et des fonctions différentes.
Stratégie d’entreprise, stratégie d’innovation, stratégie de marketing, stratégie de design ou éléments de tactique de conception, tactique de production, etc…
Ces termes recouvrent de telles espérances contradictoires qu’elles ne veulent plus dire grand-chose (quels liens entre le UCD de Nokia et celui de Waag.org) .
Les mots esthétiques (au sens philosophique, représentation, perception, n’y sont jamais abordé). La dimension culturelle du design (design comme représentation d’une culture) n’est jamais évoquée, la dimension artistique du design n’est jamais convoquée (situations, formes, propos), l’innovation conceptuelle permise par le design n’est elle aussi jamais envisagée. Les histoires spécifiques du design ne sont jamais considérées et pourtant ces histoires sont constitutives des identités des design européens
La dimension de leadership créatif, de création de symbolique du design ou la forme y est également absente. N’oublions pas enfin l’esthétique qui si elle a enfermé le design dans le « beau » (esthétique industrielle), n’en est pas moins un des fondamentaux essentiels du design.
C’est un appel à contribution, et c’est là sa plus grande qualité. Je vous encourage donc à faire entendre le son de ces différences.
Lire l’article sur le site de BoingBoing
appel a contribution sur le design Design as a driver of user-centred innovation.
A la lecture de votre article, on ne peut nier les propos d'Alan Kay, qui disait déjà il y a quelques années que le meilleurs moyen de prédire l'avenir c'est de l'inventer.
La conclusion que vous faites laissent finalement apparaitre que pour le design, le dessein semble pour l'avenir l'emporter sur le dessin. Pourtant l'un ne peut aller sans l'autre...
Bonjour clément
Je veux dire ce que vous dites.
A essayer de faire du design le remède pour une bonne utilisation, c'est à dire orienter les TIC vers une meilleure adéquation entre les technologies et les hommes, on confond, je pense du, devoir et ambition de création. Le User centred design est une affaire américaine et anglo saxonne. Est ce notre histoire, notre culture et notre vision. Quid du désir, de l'expérience esthétique, plastique et culturelle. Ils existent tant de produit épouvantable, pourtant ergonomique et utilisable. Il existe tant de produit stupide construit prétendument pour le client...
Ne confondons nous pas tactique et stratégie, fonction et ambition. L'enjeu est d'inventer l'esthétique des technologies de l'informations et de la communication, de l'âge du service et des interactions. Pas de modéliser des techniques de user ou customer centred design . On passe d'un monde ou les utilisateurs n'existaient pas a une hystérie ou ils seraient le centre de toutes les attentions (dans le monde reel on parle de marketing proctorien). Nous avons besoin de modèle européens. L'institut pour le futur propose un modèle "Californien" que j'apprécie beaucoup, mais qui est sans esthétique symbolique, et avec d'autres racines culturelles chez nous.
La direction est certainement entre tout cela... faire le deuil des modèles moribonds du XX siècle (techno push, market pull, marketing driven, etc...)
Il est de parler d'humanisme, d'esthétique et de sensibilité plastique. Il est de parler d'usage et de pratique. il est de considérer les utilisateurs comme des partenaires, voir des acteurs. Il est de devenir des objets comme des systèmes a continuer. Alors nous auront une vision bien à nous: le beau, le bon, l'utile et le futile inscrit dans une culture et une esthétique. Ainsi nous pourrons parler de design du XXi siècle. Alors nous pourrons à nouveau aimer les objets.
Je suis tout à fait d'accord avec vous sur la vision anglo-saxonne du design. La lecture des publications scientifiques du domaines laisse clairement penser que le dessein prévaut largement dans le design à l'anglo-saxonne (c'est d'ailleurs la base dans sa définition dans le dictionnaire anglais). Le design anglo-saxon reste majoritairement systémique et l'héritage des gens comme Herbert Simon semble encore perdurer. Il y a comme une volonté d'expliquer à tout prix et cela véhicule le fantasme que le design serait adaptable à toutes sortes de domaines : une sorte de "science de l'artificiel" (pour reprendre Simon) à visée holistique.
Je vais peut-être paraître réducteur mais il semble qu'un raisonnement syllogique soit à l'œuvre. En effet, les problèmes de design sont de plus en plus considérés comme "wicked" et de ce fait, le design serait particulièrement adapté à ces problématiques. Ainsi, le design arrive dans de nouvelles disciplines. Je ne renie en rien les possibilités du design mais je pose simplement la question : le design (à l'anglo-saxonne) ne risque-t-il pas de se perdre à s'étendre ainsi indéfiniment?
A l'inverse, la situation française est longtemps restée sur son héritage des Arts-décoratifs. Espérons qu'à l'avenir nous pourrions en faire une force est donner un nouvel élan pour à nouveau nous faire aimer les objets.
Juste pour dire que j'aurais bien aimé lire les commentaires de ce billet mais le #999999 comme couleur de typo sur fond blanc: c'est ILLISIBLE.
Faut revoir votre copie css.
PS: votre adresse Web et votre nom ne sont pas lisible sur votre message. jlF
Bonjour,
Juste une petite remarque : le terme "wicked" n'est pas de moi. On le trouve régulièrement dans le littérature scientifique de design, et pour cause le terme viendrait d'Herbert Simon. Lui-même que le design était particulièrement bien adapté pour résoudre les problèmes "wicked"
A bientôt
Bonjour Jean-Louis,
J'ai fondé il y a un peu plus d'un an un blog dédié à l'observation du design contemporain (www.larevuedudesign.com), dont l'objectif est d'accueillir plusieurs regards et approches sur cette discipline. Dans ce contexte, j'aurais aimé présenté votre texte, qui m'a beaucoup intéressé.
Merci,
Alexandre