Des patrons connectés aux objets

Avec les objets connectés, la France découvre avec étonnement qu’elle excelle dans un domaine de la révolution numérique où l’objet à un nouveau rôle. Derrière cette tendance, qui s’est illustrée par une présence tricolore massive au CES de Las Vegas, on croise autant d’approches stratégiques que d’offres différentes : des groupes établis dirigés par des managers de la génération « Ebitda », des entreprises répondant stricto sensu à un problème par la technologie, des PME qui proposent des technologies sous licence, des entreprises proposant des copies et se battant sur les coûts…
Une typologie nouvelle d’entreprises semble cependant émerger : celles proposant des « objets » désirables. Elles sont toutes dirigées par des patrons ayant un fort intérêt pour le produit. Ces « product CEO » français s’engagent résolument sur les marchés grand public pour démarrer, se distinguant ainsi de la tradition B to B de l’industrie française. Ils possèdent une très forte expérience des technologies, qu’ils utilisent plus comme moyen que comme finalité, mais surtout une grande culture. Enfin, ils utilisent le design avec une grande maturité, comme force de conception fonctionnelle et émotionnelle – il semble que la force de la French Tech soit aussi celle du design.
Loin de la « pensée start-up » souvent importée des Etats-Unis, ces patrons réinventent une vision productive et culturelle de l’entreprise finalement proche des entrepreneurs du début du XXe siècle, comme les frères Pathé, André Citroën, Jean Mantelet (Moulinex) ou Gustave Eiffel. Parmi eux, on trouve des personnalités différentes : Rafi Haladjian (Sen.se), le visionnaire conceptuel ; Henri Seydoux (Parrot), l’inventeur poète ; Eric Careel et Cédric Hutchings (Withings), les ingénieurs stratèges ; ou le prometteur Séverin Marcombes, jeune CEO de Lima.
Ensemble, ils explorent et proposent une vision des objets connectés pour ce qu’ils peuvent apporter. Ils portent en eux la vraie innovation, selon le philosophe Heinz Wismann : celle qui va dans le sens du progrès et crée des valeurs…
Ce sont eux qui ont été primés au CES de Las Vegas. Effet du hasard ? Je ne crois pas.
Jean-Louis Frechin

Publication originale dans les Echos
27/01/2015 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune | LesEcho

Be Sociable, Share!

Comment

There is no comment on this post. Be the first one.

Leave a comment