La biennale 2008 est un lieu intéressant et plein d’énergie ou l’on peut voir la diversité du Design et la volonté d’une ville pour se réinventer.
L’attraction principale de cette biennale 2008 à laquelle je me rendais pour la première fois est d’abord la puissance invitante: la ville de Saint Etienne. Chargée d’histoire et d’un patrimoine industriel important, cette ville est chargée d’émotion pour le designer que je suis. La mine, le textile, Manufrance, Casino, Angénieux, Stronghlight, excusez du peu…. Les gens y sont particulièrement sympathiques et accueillants. Cela surprend toujours d’être accueilli de la sorte en France. Tout au long des cinq jours passés là-bas, lors des soirées, des déjeuners, nous avons eu l’occasion d’échanger avec des Stéphanois qui nous ont raconté leur ville. Nous avons visité le Musée de la mine qui est un monument de la culture ouvrière et un moment d’émotion intense. Nous avons également grâce a l’initiative des organisateurs de la biennale pénétrée dans l’enceinte de Geoffroy Guichard, un autre moment d’émotion personnelle qui rappelle des moments forts de notre vie commune. La plupart des participants, même les non-footeux ont apprécié. Le chaudron est un monument de l’identité stéphanoise et du sport francais. Je me réserve la visite du Musée des Arts et des Techniques pour mardi prochain après ma conférence à la biennale. Enfin Saint Etienne est en pleine évolution et il y a beaucoup d’exemples de requalification urbaine intéressante à commencer par le Site de la Manufacture d’Armes de Saint-Étienne et de Plaine Achile sur lequel est installée la Cité du Design.
La biennale De design 2008
Eco City LAb
L’exposition de John Thackara sur le développement durable est intéressante dans son contenu et sa posture. La sélection, les situations et événements organisés servent le propos. La scénographie plonge cependant le discours dans une identité un peu regressive, alors que Tackara exprime une nouvelle modernité et de la tentative de reprise en main de la technoshpere. Il faut saluer les quelques dispositifs scénographiques qui servent eux même les propos de l’expo. Il est impératif en tout cas de visiter cette expo, car elle contribue à mettre en perspective et en discours les efforts à faire pour changer nos habitudes.
N-1
L’expo N-1 nous montre des travaux d’élèves d’école d’art et de Design Européenne. Elle est simple, efficace et élégante dans sa présentation et très bien scénographiée. La sélection est rigoureuse et de qualité. Elle est caractéristique des travaux des écoles qui fusionnent arts, expériences artisitiqes, et design . Le directeur de l’école de Saint Étienne, Emmanuel Tibloux, commissaire de cette exposition, affirmait dans un journal que pour lui, architecture, design, graphisme, tout est art. Je suis d’accord avec ce propos dans le cadre de sa mission et de sa tutelle. Mais il me semble peut-être que notre défi commun est de casser les barrières et d’oser le mix, le métissage et d’élargir les approches pour « fabriquer » du bien commun, des valeurs éthiques, sociales, culturelles ainsi que des valeurs économiques. Si tout est art alors celui-ci doit être au service de la vie. Il est important que les écoles d’Art et de Design française soient connectées aux défis et aux enjeux qui se posent à nous. Le design a des atouts spécifiques. C’est la force de la biennale de les présenter dans d’autres lieux et notamment sur l’expo « Post Diplome de l’ESSADSE » qui expose une démarches intéressantes de l’année post-diplome de l’ESASE dirigé par Mathieu LeHanneur. Ces projets potentiels autour de l’énergie sont réalisés en partenariat avec EDF. Cette opération montre les interactions et l’ouverture avec l' »économie », le « réel », le sociale et les sciences que je j’appelais de mes vœux plus hauts. Ce qui est remarquable dans cette exposition, c’est qu’elle nous rappelle que les écoles sont la pour forger l’esprit critique, le regard et la maitrise des élèves et la sélection rend parfaitement hommage à ce travail d’éducation.
Demain c’est aujourd’hui
L’exposition dont je me sens la plus proche est « Demain c’est aujourd’hui » de Claire Fayolle, non parce que j’y expose, mais parceque’elle exprime tout ce qui m’intéresse et me passionne. Elle parle d’innovation, d’entreprise, de politique d’imaginaire, de formation, de culture et de recherche dans un métissage improbable et souhaitable. Cette exposition est à ma connaissance unique en France et mériterait une itinérance. Elle montre comment le design est un moyen pour les entreprises de se projeter en interne et en externe tout en testant des directions. Les produits de Phillips, Electrolux, KDDI, Nokia et Nikon en sont des exemples intéressants. Elle démontre également comment le design permet d’exprimer l’imaginaire de l’entreprise. Cela montre la difficulté à appréhender le nouveau, l’inconnu et l’avenir pour les entreprises, dans notre monde court termiste. Elle montre aussi la valeur que les entreprises placent dans l’innovation et la préparation de demain. L’exposition montre également le lieu et les conditions de production de cet imaginaire: En interne, avec des écoles, ou lors de concours. La démarche de Faurecia est a cet égard remarquable, car cette entreprise sous-traitante prend la parole et construit une proposition propre à partir de ses savoir-faire. Par cette expérience, elle change son statut et devient force de proposition et d’innovation visible. La sceno est très claire. « sans jeu de mots «
État du corps
L’exposition de Marc Partouche est compact et dense. Elle couvre le champ du design et du corps de façon clair et cohérente. Elle n’en est pas moins passionnante dans la lignée de « demain c’est aujourd’hui ». Les sociétés Thuasne et Gibaud qui expriment le savoir-faire et les traditions de Saint Étienne montre des produits très High Tech de textile tecnique.
Design & Compagnie
Cette exposition encore et décidément toujours très claire montre la réalité du design industriel et les efforts des entreprises. Pour innover. Instructif.
Spécial coup de cœur: le magnifique bateau d’Antoine Fritsh et la suspension à base de cristaux liquides sur le stand de la Belgique.
En conclusion
Pour finir, on ne peut que saluer les organisateurs, la ville de Saint Étienne et Elsa Frances de cet événement. Les membres de l’équipe ( des anciens élèves ou élèves de l’ESAD ?) sont tous énergiques, généreux et souriants et contribue au succès et à la bonne ambiance de cette biennale. Qu’ils en soient tous remerciés. Allez à Saint Étienne, il est encore temps d’y aller…
Comment