Quel design pour demain ?

On parle beaucoup de design. Cette discipline est parfois considérée comme un vecteur pour transformer la société, voire la réparer.
Hélas, en France, nous n’exploitons pas forcement son plein potentiel. Les formations supérieures publiques sont regroupées dans une quarantaine d’écoles d’art avec une option design dépendant de trois ministères (Industrie, Education Nationnale et Culture) . Malgré la réputation de certains de ces établissements, ce florilège de formations est dans le ventre mou des classements internationaux. Les écoles de design ont toutes en commun d’être issues d’une culture artistique.

Ces écoles ont toutes en commun d’être issues d’une culture artistique. Elles ne se sont pas ou peu intéressées à l’économie, aux technologies ou au numérique, parfois meme au design. Elles hésitent entre des postures de conservatoires, d’observatoires, parfois de laboratoires.
Les mots, les fictions, les postures, le « branding » l’emportent sur l’acte de création. Les travaux qui y sont fait illustrent le souvent plus l’individualisme de la société que des tentatives pour les corriger.

Pour être à la hauteur des défis des 30 prochaines années, les tutelles de ces établissements doivent enfin avoir une vision et faire évoluer les écoles de design afin d’avoir un impact à la hauteur des potentiels de cette discipline centenaire.

Pour être à la hauteur des défis climatiques, economiques et sociaux des trente prochaines années, les tutelles doivent enfin avoir une vision et faire évoluer les écoles de design afin d’avoir un impact à la hauteur des potentiels de cette discipline centenaire.

Explorer l’inconnu
le design doit ouvrir ses bases de références culturelles vers des disciplines comme l’économie, les sciences, l’écologie ou les sciences politiques, mais aussi vers les entreprises, l’industrie, l’agriculture, le tiers-secteur.

Approfondir
Le design doit élargir son statut de touche-à-tout créatif et sensible pour approfondir la maîtrise de la complexité et de la transdisciplinarité sur des bases larges et profondes. Cela passera par des rapports clairs, égaux et renouvelés avec la recherche universitaire, mais aussi de nouvelle organisation d’éducation en réseau.

Experimenter
Expérimenter l’inconnu est la base du bon projet de design. Cette approche doit être renforcée pour devenir un modèle de propositions alternatives, partageables et déployables.

Faire
Considérerons le prototype comme espace de conception avec les acteurs de la chaîne productive : chaire industrielle, R&D, industrie, artisanat, commerce, recyclage. La fabrication doit faire partie intégrante du projet de design afin de donner du sens, aux services et aux produits d’un Made in France intéressant, durable et esthétique.

La France, n’est pas un pays de design, mais elle est un pays de designers, grâce a sa culture et à ses individualités talentueuses. Nous devons progresser pour être attractifs comme pays, notre potentiel est énorme.

Jean-Louis Frechin

Publication originale dans les Echos
31/08/2020 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune |

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