Un nouveau Bauhaus

Lors du dernier discours sur l’état de l’Union européenne, sa présidente, Ursula von der Leyen, a créé la surprise en annonçant la fondation d’un nouveau « Bauhaus européen ». L’école du State Bauhaus, créée dans les années 1920 à Weimar, a contribué à façonner la transition sociale vers la société industrielle et à forger l’esthétique du XXe siècle en Europe et dans le monde. Ces approches ont prouvé que le bon design peut améliorer la vie quotidienne de millions de personnes, mais aussi l’attractivité des entreprises et des productions. Cent ans plus tard, nous sommes confrontés à des défis inédits, notamment climatiques. L’Europe doit et peut y jouer un rôle de premier plan. Mais, pour cela, on ne peut traiter séparément l’environnement, la technologie ou l’économie. Ils doivent s’intégrer à un objectif global à la fois social, culturel et esthétique pour être adoptés. Par cette ambition, l’UE veut ainsi accélérer et incarner son Pacte vert pour l’Europe afin d’atteindre les « objectifs de Paris ».
Une approche dynamique de l’écologie
Ce Bauhaus du XXIe siècle sera donc un espace transdisciplinaire où architectes, designers, artistes, experts du numérique, scientifiques et ingénieurs travailleront ensemble sur des thèmes comme le bâtiment, qui concentre 40 % des émissions de CO2, le cycle des matériaux de construction, la réhabilitation de logements, les nouvelles mobilités, l’innovation numérique ou la pratique de l’expérimentation.
Cette annonce, innovante et réellement utile, a été notamment inspirée par les travaux du climatologue Hans Joachim Schellnhuber, de Monika Grütters, ministre d’Etat à la Culture en Allemagne et d’Annalena Baerbock, présidente du parti des Verts.
Cette initiative a cependant suscité peu de réactions, autant en Allemagne qu’en France. C’est bien dommage, car elle s’appuie sur une des forces majeures de l’histoire européenne : ses scientifiques, sa connaissance, ses créateurs, mais aussi sur une approche dynamique de l’écologie. Cette initiative valorise des réalisations qui sont autant des formes que des desseins, comme des logements pour inventer le confort et l’attrait d’un mode de vie durable. Une approche holistique de l’écologie, de la création et de l’économie qui devrait nous inspirer.

« Faire mieux avec moins »
Cette publication a conduit à la naissance d’une tribune publié dans Le Monde initié par Denis Tersen, Caroline Naphegy et moi-même devant l’absence de réaction de « l’état ». Celle-ci signée par des acteurs du design, de l’éducation, de l’architecture et de grandes entreprises est parue dans le Monde en Mars 2021. Quelles que soient les formes que vont prendre l’initiative de l’UE, l’enjeu, la nécessité politique et économique de « faire les choses  » autrement restent entière.

Publication originale dans les Echos
03/11/2020 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune |