Les villes anciennes sont confrontées à des défis pour lesquels elles sont assez peu préparées, tant en culture organisationnelle, gouvernance et approche. Les sujets sont nombreux : travaux, nécessité de désencombrement, limitation des automobiles, nouveaux usages, adaptation climatique, impatience des utilisateurs et désormais exigences sanitaires. Le temps de fabrication de la ville, ses normes, ses contraintes, les déterminismes culturels sont peu adaptés à ces mutations.
Pour répondre à ces enjeux d’aménagement nouveaux, nous devrions développer des dispositifs temporaires, transitoires ou exceptionnels qui permettraient d’agir, de tester, d’évaluer, de moduler, de répondre à des besoins circonstanciés ou contextuels pour aménager autrement les villes : pistes cyclables, systèmes de propreté, hygiène, piétonnisation saisonnière, équipement de l’espace public, mise en sécurité et autres terrasses de café.
On peut anticiper le potentiel de ces mobiliers réellement mobiles, qui peuvent être installés en fonction des besoins, des pics d’usage et fluidifier l’espace urbain. Dans une ville à l’espace limité comme Paris, on mesure l’intérêt de cette gestion par le temps et le contexte.
« Mobilis in mobilier »
La proposition The Urban Collëctif (Citroën, Accor, JCDecaux) s’inscrit entre autres dans ces enjeux. Ce collectif innovant propose une plateforme électrique générique qui permet de positionner, déplacer et d’opérer des « pods » dédiés à différents services et usages, dont un abri navette JCDecaux qui est un objet hybride entre abribus, navette de transport et architecture mobile.
Les autres usages possibles sont infinis : container de logistique, atelier d’artisan, kiosque, commerces spécialisés, micro-marché, etc. On peut imaginer également d’autres dispositifs temporaires. Ce modèle d’équipement public temporel et mobile permettrait une construction de la ville plus rapide, plus fine et plus économe.
Adapter la ville au temps et aux usages est une opportunité pour désencombrer les espaces publics. Cependant, ces « mobilis in mobilier », dispositifs transitoires, sont souvent standardisés ou d’aspect bricolé. Une des conditions du succès et de l’adoption portera sur l’esthétique et la cohérence avec l’identité générale des villes.
Jean louis Frechin
Publication originale dans les Echos
2/11/2021 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune |