Pour l’innovation vraiment ouverte

Pour répondre aux défis qui s’annoncent, innover est devenu une nécessité. L’innovation dite « ouverte » ou « distribuée », popularisée aux Etats-Unis par Henry Chesbrough, depuis 2003, semble être la voie pour redonner un élan créatif aux grandes entreprises. Elle leur propose de ne plus se baser uniquement sur leurs propres recherches, et résulte de collaborations et d’échanges entre start-up, PME et laboratoires de R&D de grands groupes. Inspirée par les modes de contribution de l’« open source », elle en est, dans les faits, très éloignée, car la culture « corporate » et la propriété intellectuelle revendiquées l’en ont radicalement éloignée. Aujourd’hui, elle est parfois transformée en opération de communication, en concours promotionnel ou en (contestable) « crowdsourcing » d’idées non rémunérées. Au-delà de ces dérives, l’innovation distribuée modifie en profondeur les frontières de l’entreprise, jusqu’à la redéfinir par de nouveaux modes d’organisation plus horizontaux et poreux, plaçant les talents intérieurs et extérieurs au centre des processus d’innovation. Pour réussir, l’innovation ouverte doit être organisée sur un échange de valeurs symétrique et réflexif. Lors de Futur en Seine, l’exemple est venu d’Energias de Portugal (EDP). Conçue à sa naissance sur le modèle d’EDF, l’entreprise a décidé, il y a dix ans, « de ne plus rien faire qui n’aurait pas été inventé en interne ». EDP a créé un fonds d’investissement, un incubateur, un concours bien doté pour start-up, ainsi que le premier « fablab » d’entreprise en Europe. Aujourd’hui, l’entreprise réintroduit de la conception et de la production interne en concevant des bornes de recharge « open source » à moins de 1.000 euros, ce qui ne l’empêche pas de mener des recherches lourdes sur l’éolien offshore. Le groupe Oxylane, via sa marque Geonaute, a, quant à lui, inventé une plate-forme et des objets connectés pour le sport dans une conversation permanente avec sa communauté de praticiens. Alors que ces changements sont, désormais, largement engagés sur toute la planète, quels seront nos processus originaux et singuliers qui signeront l’innovation « designed and made in France » ?

Publication originale dans les Echos
24/06/2014 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune | LesEcho

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