Ne pas rater les défis qu’ouvre l’intelligence artificielle (IA), tel est l’objectif du plan France IA, dévoilé par Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique et de l’Innovation (« Les Echos » du 20 janvier 2017). Le plan du gouvernement s’articule autour de la recherche fondamentale, du transfert de technologie, des applications industrielles, mais aussi de l’impact de l’IA sur l’économie et la société… Après la force motrice, l’homme va donc se confronter à une intelligence externe. Cette intelligence artificielle réduite, dite « faible », nous pose de nombreux défis. Grâce à elle, les machines ne sont plus de simples automates, elles font de meilleurs choix que les humains, de manière fiable et rapide. La question n’est pas tant d’être pour ou contre l’IA, car celle-ci est déjà parmi nous, distillée par les géants américains et chinois. Elle est de se donner les moyens de faire partie du jeu pour contribuer à en définir les règles.
Contrairement à beaucoup de domaines, nous avons de nombreux atouts. Le haut niveau de recherche en mathématiques et en informatique nous donne une longueur d’avance. Il nous faut cependant combler le déficit en application industrielle et répondre aux enjeux de souveraineté européenne. Cette histoire en devenir doit aussi s’écrire en français. Mais, pour cela, il faudra convaincre de l’intérêt de l’IA comme réponse aux défis socio-économiques à venir et comme outil au service du plus grand nombre. A cet égard, constituons un « parlement des choses », comme le nomme le sociologue Bruno Latour, débattons pour comprendre et agissons pour être des acteurs, éduquons pour être conscient, ouvrons les boîtes noires, mais, surtout, formons aux complémentarités nouvelles entre l’homme et ces machines.
Notre société est confrontée à un défi, balancée entre opportunité et risque. « On jugerait bien plus sûrement un homme d’après ce qu’il rêve que d’après ce qu’il pense », pour reprendre la formule de Victor Hugo, alors rêvons ! A l’exemple des pionniers de l’avion, l’IA doit aussi trouver ses héros, ses meetings aériens, et des promesses claires et désirables. Alors, peut-être, elle sera un progrès !
Jean-Louis Frechin
Publication originale dans les Echos
31/01/2017 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune |