Les associations, une force et une voie

Les récents Jeux Olympiques et Paralympiques nous rappellent l’importance du sublime, de l’attachement à la collectivité nationale et aux rôles du sport. Les plus de 800 athlètes tricolores qui nous ont fait rêver sont le sommet d’organisations très françaises, les associations sportives, aux plus de 15 millions de licenciés. L’histoire des associations en France remonte à l’Ancien Régime, mais c’est la loi du 1er juillet 1901 qui a véritablement consacré le droit de s’associer comme liberté fondamentale. Depuis, le mouvement associatif français assez singulier n’a cessé de croître, passant de quelques milliers de créations annuelles dans les années 1950 à 1,5 million d’associations actives, en 2017.

Elles couvrent à peu près tous les sujets, activités et causes. Parmi ses acteurs, 24 % relèvent du domaine du sport, 23 % de la culture et des spectacles, 21 % des autres loisirs, 14 % de l’action sociale, humanitaire et caritative, médico-sociale et de santé, 12 % de la défense de causes, de droits et d’intérêts. Environ 1.341.000 associations reposent sur des bénévoles quand 159.000 sont employeuses, selon les chiffres de l’Injep. Les « assos » et les clubs jouent ainsi un rôle crucial dans notre société en matière de citoyenneté, d’offres d’activités et d’action sociale. Les associations comblent aussi souvent les vides entre l’Etat et les entreprises, favorisant ainsi le fonctionnement du pays.

Vivre-ensemble

A l’exemple des Petits Débrouillards, sur l’éducation populaire scientifique, qui proposent des actions éducatives, scientifiques, inscrites au coeur des territoires visant à former des citoyens capables de participer à la vie du pays… On citera également l’école de voile des Glénans, qui a démocratisé la voile et la mer comme loisir. Désormais première école de voile d’Europe, elle a également largement contribué à la création de l’économie du nautisme.

 

Dans un autre domaine, Design for Change, à Lille, s’attelle à inventer le design du futur pour répondre aux enjeux contemporains. Enfin, pas de maintien ou de soins à domicile sans des associations comme Coordinov (Val-d’Oise), qui articulent les parcours complexes de soins publics. On le mesure : les bénévoles et salariés du mouvement associatif sont l’expression d’un engagement fort pour le pays et le vivre-ensemble.

Réparer

Les associations présentes sur tout le territoire national sont à la fois une ressource et une solution. Insérées dans la France rurale et périurbaine, elles connaissent mieux le terrain, les situations complexes et le sentiment d’abandon territorial que les hommes et femmes politiques – au moins tels que nous les observons actuellement. A l’heure des économies budgétaires, tout effort d’aide économique et sociale est vain s’il ne se propose pas expressément d’être une entreprise de citoyenneté et de cohésion.

Si le « développement culturel » en France a produit des effets significatifs, c’est désormais à une véritable politique de « développement social et de citoyenneté » que nous devons nous attacher. Les associations sont une force et une voie essentielle pour cela. Autonomes et agiles, elles ne peuvent cependant pas être le supplétif d’agenda politique local. Les associations sont une piste pour réparer, renouer avec les principes républicains et retrouver des perspectives de qualité de vie et de vivre-ensemble porteuses d’espoir partout en France. Cela doit être une priorité.

Jean-Louis Frechin est directeur de Nodesign.

 

 

 

 

 

Publication originale dans les EchosPublié le 3 sept. 2024  | Jean-Louis Frechin | Économie & société, science & prospective | Innovation | Tribune