Les Sans-filistes accélèrent le développement de la radio, déjà une histoire de hacker
Quelques milliers de Sans-filistes passionnés en 1921 et 19 millions d’auditeurs en 1939 ! C’est l’histoire rapide de la démocratisation de la radio, premier media technologique de masse. Son déploiement rappelle celui de l’adoption de l’ordinateur ou de l’internet. Au début des années 1920, ceux qui s’équipent d’une radio sont de catégories sociales aisées. La radio n’est pas encore un produit manufacturé à prix abordable. Les premiers amateurs sans-filistes sont d’habiles “bricoleurs” qui fabriquent leur poste à partir de kit ou de composants. Des clubs de radio assurent l’entraide à la construction de ces appareils amateurs. À partir de technologies simples, les appareils d’amateur de T.S.F. à poste à galène permettent des écoutes radiotélégraphiques dans la bande d’amateurs, ou l’écoute des signaux de la tour Eiffel. En 1925, le prix d’un récepteur à galène de type Oudin à deux écouteurs est de 130 francs Poincaré, alors que les radios électroniques à tubes coûtent près d’un an de salaire d’un ouvrier – 2000 francs Poincaré.
La naissance d’un média : des programmes pour se divertir et s’informer Dès le début des années 1920, lors de l’apparition des premiers programmes de radio, des associations d’auditeurs sont créées. Animées par des bénévoles, elles jouent un rôle important dans le développement de la radiodiffusion, étant même parfois à l’origine de stations privées. On écoute la radio sur la voie publique, au café, dans les salles de spectacle. Une quinzaine d’années plus tard, l’apparition de postes de meilleure qualité, l’amélioration de la couverture du territoire par les ondes et l’électricité, l’attractivité croissante des programmes diffusés par de nombreuses stations (elles sont quatre en 1923 et une trentaine en 1939) ont favorisé l’accès du plus grand nombre à la radiodiffusion et la contagion radiophonique gagne alors toute l’Europe. La radio conquiert les foyers. Elle est devenue un objet de divertissement et un outil d’information populaire. Sa possession signe l’accès à la société moderne de consommation et de loisirs. La radio s’est démocratisée à la fin de l’entre-deux-guerres, elle est en effet présente dans presque six foyers sur dix en 1939. L’écoute de la radio devient un rituel qui conquiert une part du temps libre et introduit de nouvelles habitudes quotidiennes. Ainsi, durant l’entre-deux-guerres, les émissions de radio deviennent progressivement des rendez-vous dont on parle. Les stations élargissent leurs offres de programmes et multiplient les genres, créant des émissions pour la jeunesse, de variétés et d’information. Bien qu’interdite, la radio jouera un rôle important pendant la Seconde Guerre mondiale et permettra aux Français d’écouter Radio Londres pour avoir des informations libres.
1918-1926 vers 1925 Récepteur radio d’amateur construit dans une boîte Appareil d’appareil de la télégraphie militaire \ Les Sans-filistes
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