J’ai la chance d’être de directeur de quelques projets de diplôme, cette année à l’Ensci. Un observatoire sur le Design de demain et des défis à relever pour le réaliser.
Les sujets sont très variés : le design peut ainsi être une amélioration, un embellissement de choses que l’on connaît, la consolidation d’un usage à partir d’un dysfonctionnement avéré. Il veut être parfois le sauveur (naif) de quelques choses qui va ou doit disparaître. Il est parfois une pure expression de sensibilité et de poésie. Il peut aussi être parfois, le vecteur humain d’un voyage vers le nouveau, l’inconnu ou même une « libération » des technologies pour permettre des usages nouveaux. Nous avons donc un spectre entre production, modélisation et création.
La session Mai 2009 de diplôme propose ainsi des saveurs variées:, enthousiasmantes, ambitieuses, maladroites, manifestes, risquées, poétiques, polémiques, géniales, étonnantes, sensibles. Nouveaux objets, fin des objets, objets logiciels. Les jurys de diplôme d’art et de design ont donc désormais la tâche d’évaluer ce que l’on connaît et ce que l’on ne connaît pas encore, un pont entre passé identitaire et un futur à inventer, entre le XX et le XXI siècle. L’art est habitué au « nouveau » dans son champ auto-référencé et spécifique. Le design doit faire ses preuves et changer de siécle, si il souhaite reconnaissance, autonomie et maturité.
Une difficulté à ne pas sous-estimer et qui impose d’elle-même, des connaissances et des expériences variées et multiples pour évaluer désormais les propositions contemporaines des élèves.
j’ai assisté à 4 diplômes à ce jour. Ceux-ci vont ainsi explorer l’inconnu par une forme de « recherche active montrée ». Les Mémoires sont intéressants et tentent de s’émanciper des références artistiques classiques sans les repousser pour autant. D’autres textes explorent la nécessité de transdisciplinarité contemporaine, l’identité numérique, l’accident créatif, ou les sciences.
Certains projets innovants sont basés sur des applications logicielles ( l’industrie d’aujourd’hui). Philippe Aigrain appelait à ce rapprochement du design et du logiciel en 1985. Cet enjeu est encore relativement mal percu ou compris dans les sphères du design classique.
On a également pu découvrir des objets devenus programmables et avec lesquels on peut désormais interagir, support de service et de nouvelles situations poétiques.
Une esthétique raisonnée est toujours présente dans les projets du cru 2009. Spécifiquement pour les « situations » qui n’ont pas de forme appréhendable simplement (les services par exemple). En cela, ces projets sont encrés dans une pensée et dans l’idée de forme donnée au tout. L’Ensci propose donc peut-être une alternative au raz de marée du User Design, du co-design, di déco design ou du design technologique « pansement » , mais je m’avance peut-être ?.
J’ai particulièrement été séduit par un projet autour de la cartographie « vivante » produite par les gens et les usages. Cette cartographie combinaison de territoires, de trajets, et de temporalité devient ainsi un objet d’échange et de construction. Elle dessine les phénomènes qui montrent la façon dont nous habitons nos villes et dessinons nos déplacements. Inventions, poésies et recherches. C’est certainement, un des plus beaux diplômes que j’ai vu ou dirigés à l’Ensci. Je ne peux pas dévoiler le nom de son auteur avant les délibérations finales. Mais vous aurez le plaisir de découvrir ce projet lors de la fête des 10 ans de l’Atelier de Design numérique. Le diplome devient un objet de recherche plutôt qu’un objet de communication. Ce diplôme, tout en subtilité et en grâce, esquisse un design français de la société de la transformation et des échanges numériques, en tout cas une exemplarité à laquelle je crois.
A suivre, car ce n’est pas fini.
N’hesitez pas à laisser un message sur le FaceBook de l’événement,
Comment