Auto autonome

Le futur de l’automobile semble aujourd’hui se dessiner autour de l’écologie, de l’usage plus que de la possession, de l’électricité, du service et, de plus en plus, du véhicule autonome. Science-fiction, rêve d’ingénieur ou éternel mouvement qui exclut les hommes de leur environnement !

Ainsi, après avoir réduit le nombre d’ouvriers des usines, interdit aux clients de réparer leur véhicule, on se propose désormais d’exclure le conducteur du pilotage. En prémices, la Tesla 3 et quelques constructeurs proposent un pilote automatique qui prend en charge certaines tâches précédemment dévolues au conducteur. Eldorado annoncé, ce chemin vers les véhicules autonomes est une bataille entre le nouveau monde numérique et le vieux monde de l’automobile, qui passera par une modification du Code de la route et de celui des assurances.

Mais la véritable question porte sur les usages de ces véhicules. Les consommateurs ont-ils exprimé une envie profonde de voitures autonomes ? Que va-t-on faire à bord ?

Ces véhicules pourront-ils se contenter de l’aménagement intérieur classique ? Les informations données par le véhicule devront rassurer de façon transparente et claire : une voiture n’est pas un A320, et les constructeurs ne nous ont pas encore démontré leur maîtrise des interfaces d’information à bord.

Face à cette auto qui ne serait qu’automatisme et partage, le réel résiste. On ne peut que rappeler que, pour beaucoup, posséder un véhicule est une nécessité. C’est même, pour les jeunes, le premier objet d’autonomie et de mobilité. Il existe également des gens pour qui conduire est un plaisir. L’engouement actuel pour les véhicules anciens ne se dément pas, au point de devenir une valeur financière refuge. Les raisons en sont multiples : symboliques, affectives, esthétiques, sensation de conduite, absence de plastique, réparabilité… Un paradoxe à l’âge de l’usage, qui est peut-être la valeur de la rareté face à l’auto comme commodité. Au-delà du débat entre usage et possession, c’est entre utilité et plaisir, valeur d’usage et valeur affective, concentration insupportable et désert urbain que semble se dessiner le futur de la mobilité individuelle, que nous souhaitons le plus diversifié possible…

Jean-Louis Frechin

Publication originale dans les Echos
05/04/2016 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune |

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