Objets d’identité britannique II

(Mise à jour)

Un article intéressant d’Alice Rawsthorn sur le design national britannique. Les icônes d’outre-manche sont parmi les meilleures. Ils signent parfaitement les époques de leurs conception et représentent ainsi parfaitement le territoire et la Grande Bretagne.

Jonathan Glancey le critique d’architecture du Gardian lui répond ici dans un essai intéressant. Pour Glancey, les designers anglais sont toujours aussi bon et même meilleur. Ce qui a changé c’est notre monde, devenu marchand et nos modes de vie. Glancey ajout que pour trouver du bon design anglais , il faut désormais aller l’acheter dans des magasins. pour le meilleur et pour le pire parfois.

A l’heure , ou l’on de parle que de design public, de design social, de design de service public, dont les anglais on été des révélateurs ou les « faiseurs de buzz ». Cependant, je trouve que le propos de notre émérite critique est un peu court. Notre vie social et nos espace public ont toujours besoin de signes, d’usages et de services identitaires. La marchandisation des services publics historiques et l’arrivée du marketing de l’image dans ces secteurs a forte valeur identitaire a produit partout dans le monde de la médiocrité proportionnel  aux budgets dépensés.

Et chez chez les gaulois ?

Il est remarquable que chez nos voisins d’outre manche deux titres polémiquent et lance ainsi une controverse sur des sujets stratégiques. 

Cette controverse prend une autre saveur si l’on importe ce debat en France ou à Paris ou il est inexistant.

Un exemple pour illustrer nos pratiques ! la Sncf dans les années 70 travaille avec Louis Dandrel (signature sonore), Roger Talon, (Design de la voiture corail), Peter Keller (identité graphique). La voiture Corail a posé le standard du train moderne intercité (pré-TGV). Ce design a tenu 30 ans et est un élément d’utilité public, commercial mais aussi  esthétique et identitaire des services de transport de l’hexagone et des d’une image de la France. (une plaine agricole, quelques arbres, des vaches normandes et un train). Tout aussi fort que la cabine téléphonique anglaise.  Je rappelle que le train est un éléments d’infrastructure mobile identitaire fort et exceptionnel (lez TGV, le Corail, le Capitol rouge, etc….).

Aujourd’hui, la SNCF c’est soupoudrage, autocollant, et un logo qui n’aurait pas eu la moyenne en première année de BTS. L’identité sonore est devenu un jingle de publicité. Le tout forme une ratatouille visuelle honteuse mais surtout non géré, sans vision et sans direction. 

Les gares sont intelligentes, la SNCF a une maîtrise du sujet exceptionnelle grâce à l’AREP son agence d’architecture intégrée. Mais la SNCF n’a aucune vision en identité et en design.

Je ne suis pas passéiste. Il faut changer, il faut évoluer. 

Mais passer de talents comme « Talon ou Keller » à des concepts de communications « inhumains », désincarnés et « aculturelles ».

cela ne fonctionne pas et conduit à ce que l’on voit aujourd’hui. Bien sur, on va m’opposer que cela a été testé et que c’est ce que les gens ont choisi. Pratique, cela évite d’avoir d’un avis, une vision et une proposition claire. 

C’est donc notre manière de ne pas construire une identité et d’en subir le résultat.

Quand André Malraux a fait nettoyer Paris, il a œuvré plus que tout un chacun pour l’identité de la capitale. Personne n’imagine aujourd’hui de revenir en arrière.  Les objets et les choses que nous partageons dans l’espace publique relève d’une même démarche et conséquence. Nous ne pouvons pas les laisser a des logiques sans cultures ou a seule vocation marchande. A bon entendeur et merci aux anglais d’ouvrir le débats.

Aujourd’hui, tout cela est plus complexes. La puissance publique se désengage des des entreprises de courrier ou de transports. Les échanges et les sociétés sont plus globales et certains pays comme la France ont un rapport complexe et malhabile avec l’identité (souvent confondu ici avec la communication).

Quelques icônes qui forge l’identité territoriale britannique. Des objets clairs, simples et pragmatiques.


White British K2 telephone booth:  Bath, UK or Cacelho, Portugal ? ©photo Nodesign

Le design de la cabine téléphonique K2 est identifié au Royaune-Unis. Au Portugal, on peut deviner que la Royal Mail a 

participé à la création de la poste et du téléphone portugais.

5 Comments

  • peter

    le casque des Horses Guards, les Bus Impériaux et la cabine du Dr Jekyll. Manque les marques de thé et les boutiques d'Oxford…ou de Bond Street. L'identité d'un pays en raccourci d'images signifiantes. C'est digne des Mythologies de Barthes.

  • jean-Louis Frechin

    Les objets définissent ceux qui les produisent: pouvoir, intelligence, habitudes... Comme les signe graphiques

    Les britanniques ont le génie de l'unité communautaire (insularité). Cela se voit pour tout ce qui est signes. mais également en urbanisme. Il est intéressant de regarder la "Perfide Albion" avec Google earth/Map et de découvrir les tracés urbains souvent réglés et dessinés de façon très clair, simple et pragmatique. Cette efficacité se retrouve ans la typographie britannique.

  • peter

    oui, mais le plus extraordinaire avec les Britanniques c'est précisément cette unité culturelle (et graphique) alors que c'est un des peuples qui a le plus voyagé, puisé aux quatre coins du monde des traditions et des expressions les plus variées. Cette insularité qui a fait d'eux des voyageurs du lointain et permis à la fois de se barricader sur leurs traditions séculaires. Tu parlais de typographie… un des plus beaux creusets de la création de tous les temps. Un peuple, une culture aux mille paradoxes qui m'ont toujours fasciné.

  • david

    On me dira que je parle encore de l'Italie (en même temps j'y vis). Cet article m'a fait penser à un très beau petit livre sorti il y a quelque mois, écrit par le designer Giulio Iachetti: "Italianita", dont j'ai pris le temps de vous traduire librement une partie de la préface ci-dessous. :)

    "Il y a dix ans déjà, dans les pages de la revue "Ottagono", je commençai à me demander en quoi, nous italiens, pouvions nous reconnaitre en tant que peuple. [...] Cette recherche fut d'abord dédiée à retracer quelque chose qui pouvait être commun et en même temps unifiant pour nous tous italiens, mais également une tentative de rapprocher certains lieux communs qui racontent une "italianité" vécue autour d'une Moka Bialetti fumante, du plaisir de respirer le parfum de la colle Coccoina ou encore du plaisir de résoudre seul les mots-croisés de la Settimana Enigmistica.
    Fernand Braudel disait "une nation ne peut être qu'au prix de se chercher elle-même sans fin". De là l'idée que si cette recherche s'interrompt, si l'imaginaire du "partagé et partageable" n'est plus alimenté, si l'annuaire des contresignes, des mots et de l'essentiel n'est plus renouvelé, nous risquons d'abandonner le concept de "nation" aux mains de la rhéthorique patriote faite de drapeaux tricolores pendus au mur et paroles d'hymne oubliées (et oubliables) dès la première strophe.
    [...]
    Ce livre est un distillat actuel de l'essence de "l'italianité" qui se manifeste, comme l'écrit Tamara Molinari dans "un système de produits, de gestes, d'objets, d'images, de couleurs et formes typiques de l'Italie, qui n'appartiennent ni au folklore, ni aux trends... une sous-trace banalisante et consolante, comme rentrer d'un long voyage et se sentir chez soi grâce à telle enseigne dans la rue, telle bouteille au supermarché..." conscient ou inconscient que la "Patrie Italie passse aussi par là"."

    J'aime beaucoup cette idée que ce qui fait "le sentiment, l'idée d'un pays" est issu d'un système complexe, mouvant dans lequel interviennent des objets (quelque soit leur provenance géographique), mélés à tant d'autre facteurs. Et puis en tant que designer, nous participons nous aussi à cette fabrique du commun.
    Et puis penser à ce qui rapproche plûtot que ce qui divise est quelque chose d'appréciable par les temps qui courent.

    http://www.designboom.com/weblog/ca...

    ciao

    d

  • jean-Louis Frechin

    Merci david, c'est drôle je suis tombé par hasard sur mon mémoire ;=))) et je parlai de cela déjà  l'époque.

    Il y a vingt ans, le design commercial anglo-saxon n'avait pas encore anéanti les particularismes locaux et il était intéressant d'observer les identités/design nationaux aux travers des objets.

    Bien évidement, comme tu le soulignes, cela est complexe, subtil et peu réplicable. On ne choisit pas de faire des objets iconiques ou symboliques, ce sont les gens et le temps qui décident.
    Au Portugal, le design fait des ravages. Les bouteilles de vin ressemblent désormais au vin du nouveau monde: australien, californien ou chilien aux étiquettes over-design alors que les portugais font du vin depuis plus de 1000 ans. Les bouteilles d'eau se modernise ou plutôt se marketingnise en promettant ce que leur nouveau packaging leur fait perdre: l'authenticité  (Agua das Pedras).
    Il ne s'agit pas de ne rien faire. Il s'agit d'avoir le sens et l'esprit de ce qu'est "l'identité des choses", et d'y convoquer du talent et de la virtuosité.

    Se pose une question. Qu'est ce que la "Francité" des objets. Par extenson, qu'est ce que le "Designed in France" hier , aujourd'hui, demain ? Puisque l'on parle d'innovation comme horizon d'avenir, cette question devient incontournable.

    Voir également: Quality, objets d'en face de Bernard Rapp, et Qualités, Objets d'en France de Bernard Chapuis


Leave a comment