Vers des objets vivants ?

Une exposition au Centre Pompidou explore avec brio l’utilisation des biomatériaux par des artistes ou des designers.

Explorateurs par nature, l’art, le design et l’ingénierie interrogent régulièrement de nouveaux domaines scientifiques pour élargir les solutions qui s’offrent aux humains. Par exemple,  la biofabrication est un champ d’exploration entre nature et technologie qui utilise les capacités du vivant et valorise les possibilités offertes par les biomatériaux. Ceux-ci sont fabriqués à partir d’organismes biologiques (mycélium de champignon, algues laminaires, bois, bactéries…). Leur utilisation permet de produire de l’énergie, de la lumière ou des objets évolutifs et vivants qui ne sont plus finis, mais en perpétuelle évolution.

Les créateurs explorent les liens entre création, vivant et artifice. A l’exemple du designer et architecte japonais Tokujin Yoshioka, qui s’intéresse aux processus de passage de l’état solide à l’état liquide. Le squelette en fibre de verre de sa chaise Venus est plongé dans une cuve contenant une solution liquide faite de minéraux : la chaise est alors façonnée par un processus naturel de cristallisation. Le projet  The Growing Lab, du studio italien Officina Corpuscoli , explore les potentialités du mycélium afin de remplacer les plastiques toxiques pour créer des objets du quotidien.

Ces nouvelles approches sont actuellement montrées à Paris, au Centre Pompidou,  dans une formidable exposition intitulée « La Fabrique du Vivant » . Cette démonstration est à la fois un cabinet de curiosité, un atelier de fabrication et Salon autour des liens entre arts, science, ingénierie et innovation.

Indépendamment de sa très grande qualité, le format de cette exposition augmente l’espace traditionnel du musée par cet incubateur d’idées inspirantes. Elle ravive l’esprit prospectif du Centre de création industrielle, présent dès la fondation de Beaubourg, où le design se confrontait à l’innovation scientifique, à la technologie et à l’économie.

Jean-Louis Frechin est président de Nodesign

Publication originale dans les Echos
12/03/2019 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune |