Plan Informatique pour Tous (IPT) | Saudade du Futur

L’informatique pour tous mais pour Thomson – 1985
Le Plan Informatique pour Tous était un programme du gouvernement français qui devait permettre d’initier les 11 millions d’élèves du pays à l’outil informatique et de soutenir l’industrie nationale. Le plan présenté en 1985, par Laurent Fabius, alors Premier ministre, visait à mettre en place plus de 120 000 machines dans 50 000 établissements scolaires et à assurer la formation de 110 000 enseignants dans des délais très courts. La sélection des partenaires industriels avait été confiée à Gilbert Trigano, le fondateur du Club Méditerranée. Celui-ci a retenu des sociétés françaises comme Exelvision, Léanord, SMT Goupil, Thomson, Bull, LogAbax. Ce choix était politique car l’initiateur du plan, Jean- Jacques Servan-Schreiber, avait marqué sa préférence pour les Apple II et le Macintosh. Si son choix avait été retenu, Apple par l’intermédiaire de Steve Job aurait marqué son intention d’installer son unité de fabrication en France plutôt qu’en Irlande et de proposer une licence du Mac pour 100 dollars, ce qui, à l’époque, est bon marché. Mais il fallait choisir Thomson, entreprise nationalisée en difficulté. Construit autour du nanoréseau, ce système permettait de faire bénéficier les nanomachines des capacités supérieures de la tête de réseau, notamment l’accès à des disquettes et à une imprimante. Les Thomson (TO7, TO7/70, MO5 etc.) appelés nanomachines étaient reliés à la “tête de réseau”. Le nanoréseau a été mis en place, en France, en 1985 dans les lycées, les collèges et dans une école sur cinq. Toutes les machines étaient pilotables à distance. Le nanoréseau a été une réussite informatique et pédagogique. Malheureusement le choix des terminaux 8 bits MO5 de Thomson a été une catastrophe. Cela devait développer la filière française de l’informatique avec le LES (Langage scientifique pour l’enseignement) et le minitel, mais le crayon optique n’a pas résisté longtemps à la souris de Microsoft et d’Apple. Le coût initial du IPT était évalué à 1,8 milliard de Francs, essentiellement pour le matériel (1,5 milliard) et très faible sur le logiciel (300 millions). Les critiques ont concerné le manque de formation des enseignants, le choix de mettre l’accent sur l’enseignement élitiste de la programmation plutôt que sur de l’usage de logiciels applicatifs. Ce plan est aujourd’hui considéré par beaucoup comme un échec. Cependant le IPT permit un premier accès à l’informatique naissante pour de nombreux élèves et leurs enseignants, une première approche de la programmation et à l’utilisation d’un ordinateur. Beaucoup d’experts du numérique recommandent aujourd’hui
une éducation massive au code informatique pour former les citoyens, les acteurs du numérique et les ingénieurs de demain, ce qui est un retour de l’histoire et une confirmation de la vision intéressante des initiateurs du Plan Informatique pour Tous.

©maxime dufour photographies

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