Le Renault qui n’existent plus.

Actualisation d’un billet de septembre 2007 qui préfigure les difficultés de Renault et de l’usine de Sandouville.

Lors du dernier Salon de Paris, la CGT a vandalisé un Concept Car, symbole de l’avenir des produits de la marque. Si le geste est condamnable et regretable, il est un indicateur du malaise de l’entreprise. Comment peut-on rester indifferent à des ouvriers cassant leur outil de travail. Cela montre combien leur désespoir doit être grand.
Cet incident est aussi une autre forme d’indicateur. Celui de la maturité du design. Cet incident est directement lié avec l’echec singlant de la Laguna 3, qui est une excellente voiture à tous points de vue, mais tellement insipide en terme de design, de promesse et de rêve que personne n’en veut et spécifiquement les français, public généralement captif. Les hommes de Sandouville se sont attaqués au coupable supposé de cet echec: le design. Cet acte marque la maturité du design. Il peut à lui seul tué un produit. C’est donc une nouvelle forme de responsabilité (Le design est souvent mal accompagné – et souvent défini en comité). On ne peut plus dire que c’est un facteur du produit comme les autres car les constructeurs qui sont aujourd’hui des concepteurs et des assembleurs de composants. Le design est donc l’élément incarnant central de l’offre . Laguna nous démontre qu’il ne peut pas y avoir d’auto sans bon design. Le design automobile est en train de devenir la “synthèse créative” des produits automobiles modernes. (pas de ramage sans plumage et réciproquement). Être de quelque part est un atout qu’il ne faut pas gommer pour produire de la différenciation gratuite et désirable. Le design doit donc encore grandir et prendre ses responsabilités.

Le Renault qui n’existent plus. Faisons fi de l’histoire et parlons produit. La Laguna 3 dont le président de Renault nous explique que ce n’est pas la voiture qu’il désire, mais que c’est ce que veulent les gens sur les marches de conquêtes et autres “marchés emergeants” est bien fade. Le temps nous a donné raison, il est dangereux de se couper de son marché national, la Laguna ne se vends pas. La compétition oblige à prendre des risques et a ne pas substituer le marketing au désir de tout un chacun. La laguna coupée va t’elle relever le flambeau? C’est une belle auto, classique, mais est-ce une Renault ? Ne vous amusez pas à mettre un logo Nissan ou Ford sur ses roues….. Pour être complet, on y retrouve, cependant un esprit et quelques signes des concepts, car Vel Satis, initale, Talisman et un capot plongeant très Renault. La calandre Requin est nouvelle pour le losange et paradoxalement moins caricaturale que celle de la 407. Le homme de renault voulait une auto pour mettre à coter de la F1. N’est ce malgré tout pas encore à contre temps, comme Koléos, au regard des temps de crises. Cette approche semble être un coup de volant à 180° après les controversées, mais innovantes et réellement Renault Vel Satis et Avantime. C’est sûrement normal après une telle prise de risque. On a quand même l’impression que les designers de Renault ont été punis de la trop grande liberté et de l’importance qu’ils ont depuis 15 ans dans l’entreprise. Je préfère donc attendre les prochains véhicules pour observer la réalité du futur esprit de conception de Renault.

La Renault qui n’existent pas. Les voitures à vivre semblent définitivement enterrées. La créativité célébrée par Renault lors de ses 100 ans semble désormais appartenir à un autre siècle. Si la Twingo 1 était “l’auto qui n’existait pas”, la twingo 2 et la Laguna 3 sont plutôt des “Renault qui n’existent pas”. La twingo 2 est banale dans son programme et les critiques qui ont été faites à sa devancière par ceux-là mêmes qui l’avait conçu marque un changement d’époque certain quand on connaît le regard affectueux que portaient les gens de Renault à la Twingo. La Twingo 1 est devenue gênante, un quasi-échec et aurait eu une durée de vie trop longue. C’est une façon bien étrange de construire une marque dans la durée et de célébrer l’icône de l’innovation à la française. Certes, elle ne s’est pas vendue sur les marchés automobiles immatures comme le marché portugais; en doutiez-vous ? Elle a été dans le top 5 en France quasiment 10 ans, le regrettez-vous ?? Elle a surtout inscrit l’image créative de Renault dans les livres de Design, l’assumez-vous ? Il est difficile de remplacer un tel produit qui est devenu un phénomène et l’icône de modèle d’innovation et de démarche design (cf l’auto qui n’existait pas Christophe Midler),(place au design) et n’ont n’avons pas tant de modèle et d’exemple comme tel en France, dans cette période.

Transformer Renault en constructeur mondial, puissant passe-t-il uniquement par une offre de produit sans saveur, neutre, sans images, et offrant un bon deal comme Opel, ou Ford, le propose ??? La question finalement se résume a ce que l’on veut devenir, pour quoi et pour qui . Peut-on changer d’identité, de perception et d’offre indépendamment de sa base de client et de son histoire. En un mot peut-on se réinventer tout en restant un peu ce que l’on est, c’est le défi qui attend Renault et je souhaite à l’entreprise et à ses hommes de réussir. Gerard Welter, l’ancien directeu du Style Peugeot résume bien la situation “Renault est condamné a faire du nouveau, c’est son histoire”. Renault ne sera jamais une entreprise comme les autres, à cause de cette histoire et de ces innovations, c’est à jamais son destin

Renault Laguna Coupe Concept 2007

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