Paris-Berlin, rayonnement numerique ?
Le 27 octobre, à l’Elysée, une conférence numérique franco-allemande a réuni des industriels et des start-up. Le Conseil national du numérique (CNNum) et son pas tout à fait homologue allemand, le Comité consultatif jeunes entreprises du numérique (BJDW), ont été saisis par les ministres de l’Economie des deux pays afin de formuler des propositions pour rivaliser avec les grands acteurs américains du secteur. Les deux organismes proposent un plan d’action en 15 points : socle commun de compétences numériques dans les programmes éducatifs (social, économique, technique, éthique), financement, marché unique européen, transformation numérique, innovation ouverte, développement des Fab Labs… Cet événement marque un changement dont il faut très sincèrement se féliciter. Cependant, est-ce une ambition suffisante ? Le numérique, en effet, est beaucoup plus qu’un simple secteur d’activité économique. Il marque un changement d’âge et un défi de culture.
Alors, en quoi ce catalogue d’idées est-il spécifique à l’Allemagne et à la France ? Est-il distinctif par rapport à ce que pourraient faire Israël, la Corée, l’Inde ou le Japon ? Le numérique dépasse le simple marché. Ne sommes-nous pas encore et toujours dans cette économie de rattrapage dont parle Nicolas Colin ?
Il nécessite la valorisation d’une culture numérique européenne spécifique, qui existe. Etre de quelque part est-il un problème ou un atout ? Ce rayonnement par la culture, la science, le « soft power », passe également par les réflexions théoriques et les propositions culturelles et créatives : le cinéma, la musique, les jeux vidéo, le design, le graphisme, la typographie… c’est-à-dire la création. Ainsi, la puissance créative combinée de Paris et de Berlin, associée aux atouts de nos deux pays, pourrait produire un modèle attractif pour l’Europe et le monde. Cette industrie des talents est indissociable du numérique, elle en est le préalable économique. A côté du président, de la chancelière et des messieurs du « digital », il aurait été bon d’intégrer les acteurs et actrices de la création numérique de nos deux pays pour faire de ce plan une ambition culturellement européenne et, en cela, unique et attractive.
Publication originale dans les Echos
03/11/2015 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune | LesEcho
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