Eiffel, ingénieur entrepreneur. Les hommes du progrès
Eiffel est ingénieur diplômé de l’École Centrale des arts et manufactures à Paris. À 26 ans, il est directeur du chantier de construction du pont de Bordeaux (500 mètres). Gustave Eiffel se met à son compte comme ingénieur constructeur en 1866 à Levallois-Perret. L’entreprise remporte alors plusieurs grandes commandes d’édification de viaducs comme celui du Douro au Portugal (353 mètres) et à Garabit qui constitue un record du monde et lui assure une renommée internationale. Après la Guerre franco-prussienne (1870-1871), la République renaissante et fragile a besoin pour marquer le centenaire de la Révolution de 1789 d’un coup d’éclat. Dès 1878, le gouvernement de Jules Ferry souhaite l’organisation d’une Exposition universelle
dont l’inauguration est fixée au 5 mai 1889. Eiffel va vite et loin avec des idées neuves et simples. Il sait s’entourer d’hommes remarquables, comme Émile Nouguier et Maurice Koechlin. Il propose un projet d’une tour de 300 métres. Pour cela, il finance de sa poche 80 % des frais des travaux, estimés à 8,5 millions de francs or contre une concession de vingt ans, au terme de laquelle la tour reviendra à la ville de Paris. Réalisée en 26 mois, la tour « la plus haute du monde » est une prouesse technique. Elle est inaugurée, le 31 mars 1889. Cependant, la Tour suscita d’ardentes hostilités. Une Protestation des artistes contre son édification est signée : Charles Gounod, Charles Garnier, Victorien Sardou, Alexandre Dumas fils, François Coppée, Sully Prudhomme, Leconte de Lisle, Guy de Maupassant, Huysmans… « Méfions-nous des grands hommes », aurait dit alors Eiffel. Eiffel ne possède la jouissance de sa tour que jusqu’en 1910. Il s’occupe de sa pérennité. En effet, la tour Eiffel est passée de mode et son avenir n’est pas assuré. Eiffel s’acharnera à en démontrer l’utilité. Il fera installer un laboratoire météo à son sommet en 1898 puis, en 1901, un émetteur permanent de TSF. La science l’aidera à trouver toutes sortes d’autres utilités à la tour : mesures de radioactivité, analyse de l’air, expérience du pendule de Foucault mais surtout phare pour l’aviation naissante. « Elle ne sera donc plus simplement un objet de curiosité pour le public, mais elle rendra des services à la science, à l’aviation et à la Défense nationale. » Impliqué dans un scandale lié au canal de Panama, Gustave Eiffel sera innocenté, mais, profondément blessé par cette affaire, il se retire alors pour se consacrer à ses travaux scientifiques de météorologie et d’aérodynamisme. Dans son laboratoire, il conçoit une soufflerie qui lui permet de faire des expériences sur l’aérodynamisme. La conception de cette soufflerie inspire encore celles qui sont utilisées de nos jours. Eiffel possède un parcours singulier cheminant de la technologie à l’entrepreneuriat et finissant sa carrière comme scientifique. Eiffel, comme les Frères Seguin, Louis Renault, Fulgence Bienvenüe sont les figures emblématiques de l’ingénieur entrepreneur français innovant, homme de progrès dont nous avons tant besoin aujourd’hui.
1885 Viaduc de Garabit, ligne Marvejols – Neussargues (fac-similé) \ Gustave Eiffel, ingénieur constructeur à Levallois-Perret (Seine)
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