Trop d’innovation, pas assez d’invention

Que n’a-t-on entendu sur l’innovation ! On la définit souvent comme une idée, si possible en rupture, élaborée pour ou par des clients, qui rencontre un marché et permet à l’entreprise de se développer. Cela paraît si simple ! Il y a pour cela pléthore de méthodes de gestion, d’accompagnement et d’attention aux clients. Cependant, si nous sommes nombreux à commenter ce « comment », étrangement la genèse de l’idée initiale, l’acte de création, c’est-à-dire l’« invention », le « que faire », est souvent oublié. Or il n’y a pas d’innovation sans invention. L’innovation consiste à socialiser les inventions, c’est-à-dire ce qui est « nouveau ». Les technologies numériques ont initié de nouvelles manières de faire les choses, par des contributions distribuées (« tous innovateurs »). Celles-ci se concentrent souvent sur la transformation ou l’adaptation numérique de procédés connus.

A l’inverse, les inventions, créations et découvertes se nourrissent des visions singulières, exploratoires et créatives des scientifiques, mais aussi de celles, intuitives et sensibles, des artistes. Aujourd’hui, en France, c’est spécifiquement ce déficit de nouveauté, d’inconnu et donc de risque qu’il nous faut combler pour alimenter les chaînes d’innovation. Un déficit inversement proportionnel à ce qu’ont été nos inventeurs de la fin du XIXe siècle.

Loin du créateur omniscient à l’image de Léonard de Vinci, les inventeurs de demain seront transdisciplinaires, c’est-à-dire qu’ils transcenderont les expertises par des collaborations nouvelles. La force d’une intention, à l’instar de la création, c’est savoir ce que l’on veut, même si on ne sait pas où l’on va ! Nous avons besoin de talents divers et singuliers qui alimenteront les ressources de cette économie de la proposition : scientifiques-entrepreneurs, inventeurs-innovateurs, créateurs ou « self manufacturers » comme les nomme Eric Von Hippel. En résumé, passer de la transformation à des propositions réellement innovantes. C’est notre défi, être à nouveau inventif pour pouvoir innover…

Publication originale dans les Echos
28/06/2016 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune |

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