Quand la France n’est que 23ième mondiale…

Article interessant de Guillaume Grallet sur “Nos Futurs” (l’express). Nous vantons la qualité de nos écoles et de notre formation mais le resultat est la…..le pays de Descartes, ne sait plus faire de produit grand public.

Quand la France n’est que 23ième mondiale… Guillaume Grallet nos futurs – l’express



… c’est plutôt inquiétant, et cela ne semble pas près de s’arranger… Et si nous avions un peu pris de haut, et dévalorisé, la simple production, dans l’industrie lourde comme dans le high tech?

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Les rapports se succèdent, mais rien n’y fait : la France pèse trop peu en matière de technologies de pointe. Un handicap de plus, par temps de crise.

Rendu public début mars, le classement a été accueilli, de la part de nos élites, par un silence gêné. Etabli par l’Union internationale des télécommunications, il hiérarchise les pays en fonction de leur degré d’équipement et de leur compétence technologique. La France, 5e puissance économique mondiale, arrive en… 23e position. Derrière Macao et bien après l’Autriche. Certes, il ne s’agit pas du premier état des lieux alarmiste sur la situation du high-tech français. Du clairvoyant rapport Minc-Nora, publié en 1967, au plus récent plan Besson, en passant par les préconisations Jouyet-Lévy (2007), la production d’analyses réclamant une marche forcée de notre pays vers l’économie numérique est devenue un sport national.

S’est-on, pour autant, tourné les pouces ? Pas vraiment, à en voir la quantité de mesures adoptées ces trente dernières années. C’est davantage leur efficacité qui est en cause. Un constat d’autant plus cruel que le secteur – 50 000 entreprises dans l’Hexagone – se révèle stratégique, en période de sévère récession. N’est-il pas à même d’apporter, au bas mot, un demi-point de croissance, chiffrait déjà la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, en 2007 ? « Si on ne fait rien, on va se priver de 1 million d’emplois ! » s’enflamme, de son côté, la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication.

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Une urgence amplifiée par les dernières nouvelles du front, qui ne sont pas particulièrement réjouissantes. Après avoir échappé – heureusement – à la revente pour « 1 franc symbolique » au coréen Daewoo, au milieu des années 1990, le groupe Thomson, qui, bien aidé par ses précieux brevets aux Etats-Unis, a connu depuis un joli parcours, se retrouve de nouveau fragilisé. Quant à l’équipementier télécoms Alcatel, il devra accumuler un paquet de contrats, comparable à celui signé avec Verizon en février ou, plus récemment, avec China Unicom, pour se remettre de la fusion mal pensée avec Lucent, en 2006, qui a diminué sa taille d’un cinquième.
Non seulement les champions historiques sont sur le déclin, mais le pays n’a pas su en faire émerger de nouveaux. Aux Etats-Unis, la majorité des leaders actuels (Microsoft, Google…) n’existaient pas il y a trente-cinq ans. A la différence de la France, où les Vivendi (ex-CGE), Orange (France Télécom), Lagardère ou Bouygues tiennent toujours le haut du pavé. Et la croissance fulgurante de start-up (Exalead, Free, Vente-privée.com…) ne débouche pas encore sur la naissance d’un nombre suffisant de géants mondiaux : Dassault Systèmes ou encore Ubisoft apparaissent ainsi comme des exceptions. Certes, le secteur compte quelques sociétés de services phares (Capgemini, Altran…). Mais l’un des joyaux de l’Hexagone, Business Objects, est tombé, fin 2007, dans l’escarcelle de l’allemand SAP.

Dès lors, d’où viendra la relève ? Notre pays ne manque pas de talents : nos ingénieurs, les mathématiciens comme les designers, continuent à être plébiscités à l’étranger. Ni d’idées : les projets foisonnent. Mieux, il est administrativement plus facile de créer une entreprise en une journée depuis l’entrée en application, le 1er janvier, du dispositif « auto-entrepreneur ». Pas moins de 75 000 créateurs de projets s’y sont d’ailleurs engouffrés.
Même l’accès aux premiers financements a été singulièrement facilité. « Grâce à la loi sur le pouvoir d’achat, qui permet aux riches ménages de soustraire de l’impôt sur la fortune jusqu’à 50 000 euros investis dans une start-up, j’ai converti des pharmaciens à l’actionnariat privé », se réjouit Franck-David Colin, fondateur du site d’intermédiation Faisonsaffaire.com. « Rien que pour cet avantage, je ne m’oppose plus à l’existence de l’ISF », plaisante Denis Payre, cofondateur de l’association patronale Croissance Plus, par ailleurs ferme défenseur du bouclier fiscal.

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Si elle a été au rendez-vous, l’aide publique gagnerait cependant à être mieux allouée. « A travers une dizaine de secteurs clefs », préconise-t-on à la Fieec, citant par exemple l’e-santé ou les technologies durables… Et aussi géographiquement. C’est la conviction de Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes, qui appelle à une concentration du nombre de pôles de compétitivité : lancées en 2005, ces « zones de priorité d’investissement » sont aujourd’hui au nombre de 71 sur le territoire…
Pour atteindre une taille critique, c’est aussi et surtout de commandes sonnantes et trébuchantes que les jeunes pousses ont besoin. Une idée trottait dans la tête de nos dirigeants depuis longtemps : répliquer en France le Small Business Act, un texte en vigueur aux Etats-Unis depuis 1953 et qui garantit aux PME un minimum de 20 % des commandes publiques, ainsi que l’obligation de raccourcir le délai de règlement des factures. Or, à l’issue de sa présidence de l’Union, fin 2008, la France n’a réussi à faire avaler à l’Europe qu’une demi-mesure. « Dans l’état actuel des choses, les dispositions sont uniquement incitatives », regrette Olivier Ezratty, consultant en innovation et professeur à l’Ecole centrale de Paris.

Une erreur : dévaloriser la fabrication

Reste que l’Etat ne peut pas tout faire. L’industrie française paie aussi ses erreurs stratégiques, comme la dévalorisation, au début des années 2000, de la fabrication. Nombre de nos industriels doivent amèrement regretter d’avoir cédé trop faci-lement à la mode du fabless pour répondre à la concurrence asiatique. C’est le modèle inverse qu’a choisi Apple. Devenu constructeur de mobiles avec l’arrivée de l’iPhone, la firme californienne a gardé le contrôle de ses sous-traitants, même s’ils opéraient en Asie. Car c’est bien la mainmise sur la production qui permet constamment d’enrichir l’offre logicielle et donc de monter en gamme. Une option que n’a pas négligée, à raison, Violet, le fabricant français de Nabaztag (photo ci dessus). Ou encore la PME Archos. Au départ simple fabricant de baladeurs numériques multimédias, cette entreprise industrielle, née en Haute-Loire en 1988, est devenue il y a quatre mois constructeur de netbooks, de légers ordinateurs connectés à Internet. Renouant avec un rêve qui fait aujourd’hui malheureusement figure d’exception : devenir un géant de l’électronique… issu de l’Hexagone.

France worldwide high-tech position remains extremely weak. Would the country stop denying the importance of production and domestic “savoir faire”, the situation would not be that bad.

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