Le capital-risque se passionne pour le design

Les trois dernières années ont fait progresser autant qu’elles ont révélé les difficultés de notre pays à embrasser la transformation numérique. Malgré les promesses et enthousiasmes initiaux, le design est le grand oublié des nombreux rapports et propositions sur nos futurs numériques.
Signe de cela, malgré la forte représentation française au festival SxSW d’Austin, en mars dernier, la présentation du « Design In Tech Report » de John Maeda est passée inaperçue chez nous. Pourtant, son auteur, designer, ancien dirigeant de la Rhode Island School of Design et du MIT, est devenu partenaire et « venture capitalist » du fonds d’investissement Kleiner Perkins Caufield Byers pour financer des sociétés fondées par des designers.
Son rapport et l’analyse de ce qui se passe outre-Atlantique sont instructifs au regard des changements radicaux qui s’annoncent.
Entre 2012 et 2015, de nombreuses entreprises de technologie et de conseil ont acquis des sociétés de design : Flextronics (Frog Design), Accenture (Fjord), McKinsey (Lunar Design), Google (Mike & Maaike), Facebook (Hot Studio, Teehan + Lax…). La Banque Barclays est devenue le plus gros employeur de designers de Londres. Enfin, IBM bâtit la plus grande équipe de design au monde et offrirait un emploi à tous les diplômés en design d’interaction de l’université Carnegie Mellon.
On mesure ici une véritable explosion du design en termes de dollars investis. Depuis 2010, 27 start-up créées par des designers ont été rachetées. Leur succès, comme celui d’Airbnb, fondé par deux étudiants en design, a consolidé le rôle du design comme ingrédient de base du modèle des capital-risqueurs. A la suite de John Maeda, six autres designers ont intégré des fonds de capital-risque.

Au-delà de la microéconomie, la Clinton Global Initiative a consacré dès 2013 le rôle du design dans l’impact social et de développement. Signe des temps, la Banque mondiale utilise désormais plus de designers que Citibank.
Aujourd’hui, un choix s’offre à la France : soit l’éternel décalage et retard de nos modes de pensée, soit la valorisation de nos atouts, qu’il nous faut apprendre à transformer en actions et en formes pour imaginer demain.

Publication originale dans les Echos
30/06/2015 | Jean-Louis Frechin | Économie & société | Innovation | Tribune | LesEcho

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1 Comment

  • Pascale Baboulet-Flourens
    Bravo! Je soutiens votre point de vue. Anthropologue de formation, j'ai transformé mon savoir-faire d'enseignant chercheur en service aux entreprises en fondant un cabinet d'étude (PBF Conseil -Accompagnement des personnels au changement). Formée en France et en UK, volontairement connectée au monde, je lutte contre ce manque d'ouverture, j'ai envie de dire ce manque de professionnalisme. Ravie de vous soutenir. Je parlerai de votre entreprise à ma fille, étudiante en design graphique et souhaitant se diriger vers le design d'interface. Elle appréciera l'esprit de votre société. Cdt, P BF

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